« La SAINTE » ou « La SALOPE », l’éternelle blessure de la femme

  • Sexualité
  • 18 Octobre 2021
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Depuis toujours réside en chaque femme ce même conflit : jouir du corps physique où être une femme vertueuse, comme si être l’une ne pouvait être compatible avec l’autre. De prime abord, tout les oppose, mais à y regarder de plus près, « la salope » et « la sainte » souffrent d’une blessure commune : La blessure de l’abus.

La blessure d’abus, que subissent « les salopes » et les “saintes ni touche”, pourrait prendre naissance dans l’histoire de la Genèse dans laquelle Eve désobéit à Dieu en mangeant le fruit interdit de la connaissance. Eve est tentée par le serpent (symbole de l’énergie sexuelle et du mal) de goûter au fruit, symbole de la chair. « Vous ne mourrez pas, leur dit le serpent, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ».

En désobéissant à la parole de Dieu, Eve passe de SAINTE NI TOUCHE, celle qui ne touche pas, à la LIBERTINE celle qui désobéit. Cet interdit, créé par Dieu, n’était-il pas fait pour être bravé ? N’est-on pas en présence d’une faute «nécessaire», donc pas d’une faute véritable ? Il découle de l’interprétation de la Genèse la croyance limitante de l’infériorité des femmes, que nous aurions quitté le paradis terrestre à cause de « la faiblesse des femmes ». Je vous laisse imaginer ce que ces textes anciens ont laissé comme traces dans nos corps de plaisir et de désir. J’aime souvent à dire que jouir, c’est désobéir ! Nous avons cru au mensonge abusif qu’il fallait choisir entre la vertu de l’obéissance et la désobéissance de la chair.
 

La Vierge Marie et Marie-Madeleine : deux archétypes de la femme

Plus tard, nous retrouvons ces deux archétypes de « la salope » et de « la sainte » dans les figures de la Vierge Marie et de Marie-Madeleine. L’une est vierge et n’a pas eu de rapport sexuel pour mettre au monde son enfant, elle est immaculée conception ; Et l’autre est considérée comme une prostituée. La vertu et le sexe sont encore séparés et entretenus par un énorme mensonge.

Pourquoi nous faire croire que Marie Madeleine était une prostituée. IL N’EXISTE AUCUNE PREUVE que Marie Madeleine fut une prostituée. Alors, pourquoi a-t-on entretenu cette idée? C’est encore un homme d’église, le Pape Grégoire le Grand, qui au VIe siècle, a décidé que la pécheresse pénitente prostituée qui essuyaient les pieds de Jésus (Luc 7 36 à 50) et Marie Madeleine étaient la même femme.
 

De prostituée à disciple, mais rien n’est effacé dans nos corps

A l’opposé, avec la découverte des évangiles apocryphes de Marie Madeleine, de Saint Thomas et de Saint Philippe, nous avons découvert qu’elle était un apôtre de Jésus…. et non pas la prostituée que le Pape Grégoire le Grand a dépeint ….. En 1969 (je trouve la date très érotique et très proche de la révolution sexuelle qui inonde la France en 1968), le pape Paul VI décrète que Marie Madeleine ne doit plus être fêtée comme « pénitente », mais comme « disciple », l’Église catholique ne considérant plus Marie Madeleine comme une prostituée repentie. Cependant cela reste encore l’idée prédominante qui hante certaines croyances.
 

De l’empreinte de l’abus à la libération

Mais aujourd’hui comment se vit cette scission dans nos corps de femmes ? Dans les rencontres que je partage avec les femmes, j’ai remarqué deux façons de réagir face aux empreintes d’abus. Soit la femme s’expatrie de son bassin mutilé et s’en va vers les cieux, soit elle donne son corps tout azimut se perdant et se confondant dans les bassins de ses partenaires.

L’une va créer des boucliers émotionnels et sensoriels autour de sa sexualité et se replier dans une spiritualité exacerbée, l’autre va entretenir une addiction à l’abus en se perdant sans cesse dans des relations sexuelles abusives.

Dans les cercles de femmes, que j’ai animés pendant plusieurs années, j’ai observé les jugements que les unes entretiennent envers les autres. Lorsqu’elles prennent conscience qu’elles souffrent d’une blessure commune, la résilience opère comme par miracle. Ces femmes que tout semblait opposer deviennent alors des sœurs de cœur et ne font plus qu’UNE.

Karine Maurer