Sexualité : les images pornographiques, un réel risque d’addiction, par Karine Maurer

  • Sexualité
  • 18 Octobre 2021
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En 15 ans, le porno est devenu accessible et gratuit pour tout le monde. Fini le porno de canal+ en mode crypté du samedi soir. Aujourd’hui les supers productions ont laissé place à des sites gratuits en streaming à profusion. Les cibles sont de plus en plus jeunes et les risques de dysfonctions érectiles, « dans la vraie vie », et d’addiction à l’âge adulte sont réels. 

La consultation régulière de sites X est pratiquée par 22% de mineurs âgés de moins de 10 ans, 36% de 10-14 ans, et 42% de 15-18 ans. Non seulement nos ados y ont accès librement avec leur smartphone dans la cour de récré, mais il s’avère que le porno a aussi de sérieuses  répercutions sur le cerveau de ceux qui le consomment à outrance, comme l’indique l’étude menée au Max Palck Institut parue dans un article il y a quelques jours sur ce site internet. Et les conclusions de cette étude sont tout de même inquiétantes. Les hommes qui passent beaucoup de temps à regarder de la pornographie sur Internet, au moins 4 heures par semaine, paraissent avoir moins de matière grise dans certaines parties du cerveau et une activité cérébrale réduite !
 

La pornographie : un mensonge qui déforme la réalité

Visionner de la pornographie n’est pas malsain en soi, seulement la ligne est étroite entre la consommation occasionnelle et la dépendance.

Qui sont les sujets les plus sensibles ? Les personnes qui risquent de devenir addicts au porno sont en général des hommes seuls,  insatisfaits de leur vie sexuelle et qui manquent de confiance en eux. En effet, les gros consommateurs de X, n’oseraient jamais dans la vie normale aborder le genre de femmes visionnées dans le porno.

Le problème c’est qu’à force d’être stimulé par les hardeuses avec des seins refaits, surmaquillées et totalement épilées, leur cerveau s’habitue à ces corps artificiels et les enregistre comme étant réels. Les hommes risquent de rencontrer des dysfonctions érectiles parce que leur cerveau, dans la vraie vie, face à de vrais corps imparfaits, ne sera plus excité.

L’addiction au porno atteint aussi les hommes vivants en couple. Cette version fast food du sexe est très tentante et est surtout très addictive. Pour la majorité des hommes, la pornographie n’est qu’un simple besoin occasionnel pour satisfaire une pulsion, pour d’autre, cela peut devenir un problème si la simple curiosité du début devient nécessaire à l’excitation.


Le porno agit comme une drogue

Au début, lorsqu’un individu regarde du porno, il cherche à satisfaire une curiosité, une pulsion, et à vider une tension intérieure par la masturbation. Il accède alors à un état de détente et de plaisir procurés par les hormones que sont la dopamine et l'endorphine. Ces hormones sont produites par le cerveau reptilien qui nous permet de boire, manger, dormir, et nous reproduire. C’est lui qui régit notre survie. Il a le quasi monopole des neurones qui utilisent la dopamine et l’endorphine. La dopamine est l’hormone qui régule les sentiments de plaisir et de récompense. L’endorphine quand à elle, est l’hormone du plaisir et du bien-être. Elle est libérée dans notre corps suite à un orgasme. Elle agit donc comme une morphine naturelle.

La dépendance à la pornographie consiste à rechercher la production toujours plus importante de ces hormones que demande le cerveau reptilien. Par conséquent, plus l’individu en regarde, plus il en a envie. Au fur et à mesure, cette personne va en regarder de plus en plus longtemps, de plus en plus fréquemment, et chercher des scènes de plus en plus hard. Les scènes qui l’excitaient au début ne lui suffisent plus alors, il devient un Sherlock Holmes de la scène choc qui lui produira sa dose. Ce comportement, typiquement celui du « drogué » qui a besoin d’une dose toujours plus régulière et toujours plus conséquente, pourrait aussi conduire ainsi à une véritable de dépendance.
 

Karine Maurer