De la vierge à l'initiatrice

  • 02 Janvier 2024
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Voici un extrait de mon livre LA LIBÉRATION DU PLAISIR FEMININ écrit en 2017 et sorti en 2021. Tu peux te le procurer sur mon site internet.
 

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"Dans notre société judéo-chrétienne nous avons associé l’archétype de la vierge à la femme n’ayant jamais eu de rapports sexuels c’est-à-dire, pure et chaste.

Pourtant il fut une époque où on appelait « vierge » les femmes qui n’étaient pas mariées et qui n’avaient pas enfanté. Les vierges étaient des femmes libres dans leur corps et indépendantes sexuellement parlant.Certaines vierges étaient consacrées à la prostitution sacrée.

Cette pratique, aujourd'hui révolue, mêlaient les relations sexuelles dans le cadre d'un culte, d'un rituel ou d'une tradition religieuse dans les cultures pré-juives, et indiennes. Avec notamment les servantes de dieu dans le culte Devadâsi qui se prostituaient pour honorer Dieu.

Dans la région du Tibre et du Phrat, alors que les femmes mariées étaient au service de leur mari, les prostituées sacrées, connues sous le nom de vierges sacrées, adoraient les grandes déesses Babylonienne comme Ishtar et Aphrodite. Ishtar (ou Inanna) n'était pas seulement la déesse de la sexualité et de la fertilité, mais aussi celle du combat et de la guérison. C’est elle qui couronnait les rois et leur donnait le droit de régner sur le peuple. Des tablettes cunéiformes sumériennes ou accadienne, remontant à 3 000 ans avant J.-C rapportent des « chants d'amour » dans lesquels sont évoqués l'union du souverain du pays, émanation du Dieu, « avec une prostituée sacrée substitut d'Inanna, la déesse de la fécondité, pour assurer à son peuple d'abondantes récoltes et la multiplication des espèces »[1].

L’astre qui lui était relié était Vénus. Ishtar vénérée par la Mésopotamie, est une déesse qui incarne l'image d'un féminin libre de toute tutelle masculine à l’opposé du patriarcat.

Hérodote écrivit qu’à Babylonne les femmes qui allaient se marier étaient obligées de se prostituer au temple pendant 7 jours. En Grèce, à l’époque antique les prostituées avaient un statut social égal aux hommes.

Notre libido, est l’énergie la plus puissante de notre corps. Or les peurs du corps, du sexe, et du plaisir, engendrées par la tradition judéo-chrétienne, nous a fait perdre le caractère sacré de notre sexualité.

C’est en partie grâce aux cultures tantriques et taoïstes introduites en occident au milieu du vingtième siècle, que les femmes ont pu à nouveau s’initier aux techniques d’alchimie de l’énergie sexuelle.

Beaucoup de traditions rapportent que notre énergie sexuelle peut être dirigée à d’autres fins que procréatives et nous éveiller à la pleine conscience.

- Dans la pratique de la kundalini yoga, cette énergie est représentée sous la forme d’un serpent enroulé sept fois sur lui-même dans notre sacrum. Par des respirations particulières et des mouvements du corps, la kundalini est activée et remonte le long de la colonne vertébrale. Deux serpents, un doré de polarité masculine solaire appelé Ida, et un autre noir de polarité féminine lunaire, appelé Pingala, s’élèvent le long de la colonne vertébrale sur un axe appelé Sushumna.Ida prend naissance à gauche du 1er chakra et son aboutissement prend fin dans la narine gauche.Pingala prend naissance à droite du chakra racine au niveau du périnée et se termine au dessus de la narine droite Lorsque ces deux serpents remontent le long de la colonne vertébrale, ils activent les centres énergétiques majeurs de notre corps aussi appelés chakras. Nous retrouvons cette symbolique des deux serpents entrelacés se terminant sur une paire d’aile dans le caducée. Dans la mythologie Grecque, il est l’attribut du dieu Hermès. Dressés et entrelacés, les deux serpents signifient l’union du ciel et de la terre et l’éveil de la conscience cosmique. Le caducée est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque, représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmonté de deux ailes et entouré de deux serpents entrelacés. Les deux ailes représenteraient l’envol de la conscience.

- Dans la tradition taoïste, l’énergie sexuelle remonte le long de la colonne vertébrale par le vaisseau gouverneur. Ce méridien part du périnée, passe par la colonne vertébrale puis l’arrière du crâne pour rejoindre le milieu du dessus de la lèvre supérieure. Ensuite, l’énergie redescend par le vaisseau conception qui est la ligne médiane du milieu du corps. Elle prend naissance sous le milieu de la lèvre inférieure, passe par la gorge, le cœur, le nombril , nourrit le palais des ovaires et du sperme, et vient à nouveau s’ancrer dans le périnée. Dans cette tradition l’énergie sexuelle n’est pas dilapidée mais elle est recyclée et redistribuée dans notre centre de la création.

- Dans l’alchimie égyptienne antique, nous retrouvons la même tradition de transmutation de l’énergie sexuelle. Ils désignent le khat comme étant le corps physique de chair et de sang et le ka comme étant le corps énergétique astral ou le double spirituel. Le khat et le ka s’interpénètrent. Dans l’alchimie d'horus, l’initié renforce et consolide son ka pour faire monter le djed le long de la colonne vertébrale.

Cette remontée se fait grâce à l’énergie vitale appelée sekhem. « La transmutation de la sexualité est un facteur premier d’illumination spirituelle au sein du système alchimique égyptien »[2]. Lorsque le sekhem s’éveille, il remonte jusqu’au centre du cerveau stimulant la glande pinéale. Cette activation crée l’uraeus (la femelle du cobra).

Dans l’art antique égyptien on voit souvent cette représentation du serpent sortant par le milieu du front des pharaons. Cette activation de l’uraeus permet une vision extrasensorielle, la clairvoyance.

Notre libido activée par la puissance de notre être source infini engendre le désir et l'union pour la reproduction. C’est elle qui est à la source de la vie sur terre. La majorité d’entres nous sommes vampirisées par les devoirs envers, nos partenaires, nos enfants, notre travail, nos parents, nos relations. Cette énergie vitale n’est pas au service de la construction de notre être profond mais au service de tout un tas d’obligations terrestres .

Nous pouvons, avec de l’entrainement et de la concentration faire circuler notre énergie sexuelle lorsque nous faisons l’amour avec notre compagnon ou lorsque nous méditons. Nous pouvons passer dans des états de conscience modifiés et atteindre l’extase. « La première fois que j’ai fait l’amour, ce fut une révélation cosmique, une transmission directe de l’illumination de l’esprit… » Margot Anand (À la rencontre de L'orgasme divin :amour, sexe, éveil)

Les femmes initiées sont des femmes qui savent utiliser cette énergie sexuelle à d’autres fins que reproductives. Elles utilisent leurs orgasmes extatiques comme moyen d’éveil. Par l’ascension de cette énergie magique vers le cœur, la gorge et la glande pinéale, elles ouvrent une voie de passage à l’énergie divine universelle. En retour elles se laissent ensemencer par la conscience source universelle.

Elles sont alors inspirées pour créer des projets, des langages, des liens, de l’art, de la guérison. On comprend alors pourquoi, à l’origine, une vierge était une femme qui n’avait pas d’enfant.

Son énergie vitale, détachée de son rôle de mère et d’épouse, pouvait ascensionner plus facilement vers sa spiritualité. Son corps était au service du divin et en s’unissant sexuellement aux hommes, elle s’unissait à Dieu. Le rapport sexuel était alors une initiation pour les profanes vers l’éveil de leur conscience."