La mégère frustrée

  • 17 Octobre 2023
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Aujourd'hui j'ai décidé de donner le micro karaoké à la mégère frustrée qui sommeille dans mon utérus.

Ces derniers temps, je ressens une frustration émaner de mes profondeurs.

Elle a un goût amer…un goût qui me fait me contracter et grimacer. Cette amertume provient d’une dette emmagasinée dans mon utérus depuis 20 ans.

C'est une frustration qui n'a pas d'âge. Je ne peux plus me résigner au silence.

Pour moi partager la colère de la mégère frustrée, fait partie de mon processus de résilience.

Aujourd'hui ça émerge et demain ça sera passé...Parce que c’est ça être une femme, c’est laisser les émotions cachées remonter en surface, sans avoir besoin d'en faire toute une histoire.

Aujourd'hui je fais place à mes émotions les plus darks pour qu’elles n’aient plus à se retourner contre moi et à agir dans l’ombre.

C’est l’archétype de la MÉGÈRE FRUSTRÉE.

Aujourd'hui elle a besoin de s’emparer du micro karaoké. Rien de pire que d’être habitée par une mégère frustrée à qui on n’a jamais donné le micro. Elle rumine, elle crée des conflits intérieurs, des inflammations.

Et si nous osions nous laisser traverser par nos rébellions les plus profondes? À quoi ressemblerait notre monde intérieur ? C’est en les exprimant que nous évitons de nous envenimer nos conflits intérieurs refoulés.

En d’autres temps, je n'aurais pas identifié cette mégère, voire même, je l’aurai censurée, parce que ça ne se fait pas de se rebeller comme ça et de dire tout haut ce que tellement d’autres ressentent secrètement. Il y a tellement de tabous sur nos émotions les plus primaires. Notre éducation, puis le développement personnel et spirituel ont eu raison de nos hurlements de rage. Parce que, "C'est pas bien d'être en colère, c'est pas bien de crier"

Alors, oui, je lui donne le micro karaoké à ma mégère intérieure. Je l’accueille pour qu'elle crache enfin tout le venin de son amertume. Je ne veux pas qu'elle devienne une feministe extrémiste en lutte systématique contre les hommes et le patriarcat. J'aimerais qu'elle mature vers un féminisme de l'alliance.

Peut-être que ma mégère intérieure va entrer en résonance avec toi, et peut-être pas.

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“Merci Karine de me donner ENFIN le micro.

Être MÈRE c’est normal, se donner corps et âme tous les jours 24h sur 24h c’est normal. Le service des mères est devenu un dû, une normalité et personne ne remet ça en question, parce que c’est comme ça. Honnêtement, je comprends toutes les femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants et de consacrer leur puissance créatrice à leur art ou à leur création…

Moi la mégère de service, je suis la maman de 4 enfants et pour moi, ça sous tend:

-Mettre ma carrière de côté

-me lever toutes les nuits quand ils sont malades

- ramasser le vomis.

- faire les lessives, faire à manger.

- veiller à ce que la maison soit propre et agréable.

-faire les devoirs, prendre les rdv avec la maîtresse et le médecin

- les amener à leurs activités, donner le bain.

- jouir pour satisfaire l’ego de l’autre

Et j’en passe, la liste est longue…

J’ai tout fait et tout pris en charge, non pas que mon mari ne voulait pas, mais il n'avait pas le temps, sa carrière et son épanouissement étaient bien plus importants que mon épanouissement de femme.

J’ai accepté d’être là pour eux, d’être la référence parentale nécessaire et vitale à leur équilibre, mais à quel prix ?

Pendant des années j’ai accepté de cacher mon pouvoir financier derrière celui d’un homme, je ne pouvais pas faire autrement, puisque je trouvais ça normal à l’époque. De toute façon, il gagnait bien plus que toi.

Au moment où tu t'es résignée, je suis née.

Alors oui, pendant 15 ans tu t'es toujours arrangée pour avoir eu un petit job, une petite vingtaine d’heures par semaine, histoire de ne pas te sentir complètement inutile. Tu es une ferrari qui s'est toujours prise pour une deux chevaux.

Dans le mariage, par résignation tu as aussi accepté de faire disparaître ton nom et ton prénom au profit de celui de ton mari…D’un coup, pouf, plus personne n'existait, alors que ta personnalité est un espace tellement sacré. Et ça aussi tu as trouvé ça normal.

En fait je t'en veux de ton ignorance, de tes résignations de l'époque. C'est insupportable…je ne supporte pas que tu es accepté l'inacceptable parce que c'était normal.

Karine, aujourd'hui je veux que tu regardes la dette terrible et sournoise remonter de tes entrailles.

Entre nous, est ce que tu as déjà fait les comptes pour estimer ce que tu aurais perçu comme argent si tu avais été payée pour toutes les heures consacrées aux tâches quotidiennes? Essaye, tu verras, sur 20 ans, ça fait un sacré paquet! L'épanouissement de la carrière des hommes passe par le sacrifice du pouvoir créateur de la matrice.

Comme c'est intelligent de les maintenir en prison dans leur instinct maternel.

Tu vis dans une société qui sacrifie les liens mères-enfants au profit de l’entreprise et de l’argent. Elle crée des êtres névrosés par l’absence de celle qui les a mis au monde. Le montant du congé parental complet est de 398 euros par mois! En dessous du seuil de pauvreté. Et tout le monde trouve ça normal!

Pour toi, à 25 ans, être une bonne mère c'était être disponible pour tes enfants. Ceci n'était pas négociable. Il était hors de question de laisser ton bébé de 2 mois à la crèche de 7h du mat à 18h! Quelle vie ? Quel lien créer? À l'époque, tu n'as pas vu que de ce choix non négociable allait naître mes rebellions revendicatives .

Comment avoir de l’énergie pour soi lorsque l'on passe sa vie à prendre soin des autres et à veiller à leur bien-être?

Et en plus j'ai dû encaisser la culpabilité de ne pas être une amante parfaite, désirante et désirable alors même que je croulais sous toutes tes obligations?

Sache que je suis profondément en colère, non pas contre cette “normalité”, que tout le monde accepte comme un dû, mais contre toi. Tu t'es laissée bernée par le pouvoir attractif de la maternité et tu as fait abstraction de tout l’envers du décors. Tu étais tellement empressée de remplir ton vide intérieur. J’ai l’impression d’avoir été trompée!

Regretter d’être mère est un sujet tabou, ça ne se fait pas. On se doit d’aimer ça, de faire semblant, d’accepter toutes les injustices avec un grand sourire aux lèvres. On se doit de dire OUI à tous nos petits vampires.

Qui s'intéresse aux mères qui font un burn out?

Qui s'intéresse aux mères qui font une dépression post partum?

Qui s'intéresse au désarroi des mères qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts et qui font semblant de tout?

Qui s'intéresse aux mères qui sont trompées parce qu'elles n'ont pas assez de désir ?

Qui s'intéresse au conflit intérieur qu'elles vivent lorsqu'elles doivent choisir entre sacrifier leur enfant ou leur épanouissement professionnel ?

Lorsque tu es devenue mère, tu as accepté d’être ferrée. Tu as accepté l'emprise. La puissance des tripes est terrible, quand le lien est tissé, nous ne pouvons plus faire marche arrière, c’est pour la vie!

Vois-tu, aujourd’hui

-J'en ai marre que tu travestisses ta rage en impuissance.

-J'en ai marre que tu chiales comme une madeleine au lieu de poser tes limites.

-J'en ai marre de ta résignation à être une victime du système patriarcal.

Je le dis encore, merci à toi Karine Maurer, de me donner enfin le micro karaoké pour que je puisse libérer toute ma rancœur si longtemps refoulée.

Moi, la mégère frustrée, j’ai besoin d’exprimer ma rage depuis des siècles. J’ai besoin de la laisser couler pour ne pas faire porter le chapeau à celui qui partage notre vie aujourd’hui.

J’ai besoin que tu te laisses traverser par mon amertume, aussi écœurante soit elle.

J'ai besoin que tu acceptes cette dette accumulée depuis des générations.

Tu sens bien que tout ne nous appartient pas Karine, que derrière tout cela il y a les voix refoulées de toutes les mégères de notre lignée:

- leurs revendications personnelles étouffées;

- leurs besoins de reconnaissance bafoués.

Si aujourd’hui, tu es cheffe d’entreprise, c’est que tu veux aussi te prouver que tu es capable d’être autre chose qu’une vache laitière au service, non? Tu aimerais que ta conscience puisse en inspirer d’autres?

Aujourd'hui, pour avancer dans ta puissance, tu ne peux plus me faire taire.

- Tu as très longtemps refusé de ressentir la rage face à l'injustice en foutant le camp dans un idéal spirituel contrôlant.

- Tu as aussi refusé l'espace en toi qui pouvait ressentir cette rage.

- Tu as tout refusé : moi, la mégère, ma rage, ma frustration, l'amertume.

Par contre,

- Tu t'es toujours autorisé à pleurer ton impuissance pour te plaindre.

- Tu as préféré te taire plutôt que de te positionner pour revendiquer tes besoins de reconnaissance.

- Tu as travestis ma rage en tristesse.

Quelque fois, j’ai dû créer du chaos à l’intérieur de toi Karine parce que tu refusais tellement de le générer en dehors de toi et surtout, d'en porter la pleine responsabilité.

Je me suis formatée à rester tapie dans l'oubli, pour ne pas faire de vague.

J'ai attendu dans les limbes de l'enfer qu'une faille amoureuse émerge pour dresser devant ta conscience la dette qui empoisonne ton utérus.

Tu t'étonnes de ressentir des poussées d'endométriose dans tes ovaires a presque 50 ans? La création ne peut plus nider dans ton utérus tellement la dette de non reconnaissance y est colossale.

Aujourd'hui tu m'écoutes enfin, tu m'accueilles et tu me fais de la place. Me refuser, c'est refuser la totalité de ta puissance créatrice.

Je sais que tu sais que tout passe et que tout finit par passer… parce que tu sais accoucher de la vie.

Tout ça est désormais libre d'être, libre d'être exprimé, libre d'être revendiqué. Parce que tout cela EST SA PURE CRÉATION".

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Et toi ? As-tu déjà osé laisser parler la mégère intérieure frustrée logée dans ton utérus?